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Δευτέρα 1 Μαρτίου 2010

Το διήγημα "Ο Στρατηγός" δημοσιεύει το Bulletin franco-hellénique

Το διήγημα "Ο Στρατηγός" το οποίο βρίσκεται στο βιβλίο μου ΣΑ ΒΓΕΙΣ ΣΤΟΝ ΠΗΓΑΙΜΟ ΓΙΑ ΤΗΝ ΙΘΑΚΗ δημοσιεύει στις σελίδες του αυτές τις μέρες το Bulletin franco-hellénique το οποίο κυκλοφορεί στη Γαλλία.Τη μετάφραση έχει κάνει ο Jean-Marc Laborie.

LE GENERAL

Le plus beau quartier de la ville. Un quartier pauvre. Une vingtaine de maisons basses, a moitie ecroulees, sans crepi, accolees les unes aux autres. Un murles separait, un simple mur. En deux rangees. L’une face a l’autre.

L’apres-midi le quartier bouillonnait de vie. Les enfants se mettaient a taperdans la balle, les voisines etendaient le linge blanc pour qu’il seche, peu apres elleslisaient leur avenir dans leur tasse, et sur son passage le colporteur annoncait sa marchandise en criant. Le soir le quartier devenait un cafe de plein air. Les petites
tables sortaient au dehors et l’odeur des repas aiguisait les appetits. Soupe aux haricots sur une table, friture sur une autre, gombo sur celle d’en face, tsipouro et petit ouzo.

Ouvriers a la fabrique, portefaix au port, femmes de menage dans les maisons cossues, couturieres. Une famille dans un quartier. Avec les memes peines avec les memes chagrins. Jusqu’aux memes maladies. Si l’un tombait malade, en une semaine tous etaient malades. Solidarite…

Le seul qui ne tombait pas malade etait le General. Il n’etait pas exactement general mais c’est ainsi qu’on l’appelait. Que pouvait bien chercher un general dans un tel quartier ? Il etait caporal a la grande guerre. Et il avait pris sa retraite. A soixante ans. Avec une pension du Ministere de la Defense. Avec des blessures au dos.

Le general ne sortait pas de petite table dans la cour. Il n’avait pas de place devant sa maison. Il avait ses pots de fleurs. Des roses dans des pots de fer-blanc, des cyclamens dans des cruches felees, des hortensias, des belles-de-nuit… Il les adorait. Il les aspergeait, il les arrosait, et gare au ballon qui se dirigeait vers elles. Il en avait reuni vingt. Il ne parlait pas beaucoup, pour ainsi dire pas du tout. Quelques hommes du quartier etaient alles lui offrir une cigarette et il les avait chasses. La meme chose etait aussi arrivee avec quelques dames qui lui avaient apporte a manger un plat cuisine. Elles aussi il les avait chassees. Il etait assis toute la journee sur une chaise a bascule qu’il avait recuperee a la decharge et il embrassait son jardin du regard.

La corde qui servait a etendre le linge blanc fut enlevee, plus exactement ils l’enleverent. Les employes municipaux. La cour longue et etroite se remplit d’ouvriers, de pelles et de bulldozers. Des camions allaient et venaient transportant du ciment, du sable, du gravier, des briques… Le service d’urbanisme faisait construire une route.

Le quartier se souleva. Avec lui aussi la poussiere. On ne pouvait pas ouvrir une fenetre. Les maisons etaient envahies par la poussiere, par les voix des ouvriers, par les jurons des conducteurs de machine et des chauffeurs de camion. Le comite qui se rendit chez le Maire revint bredouille. Il fallait que la route se fasse. Il fallaitque le secteur se developpe…

Le soir le general continuait a s’asseoir avec les autres et ecoutait les plaintes. Il ecoutait seulement. Jamais il ne parlait. Ses pots de fleurs il les prenait et les mettait dans la maison. Et il s’enfermait lui-meme dedans. Sa compagnie, c’etait ses pots de fleurs.

Du jour ou commencerent les travaux pour la construction de la route le quartier changea et avec lui, les gens. Ils devinrent des etrangers. Ils ne se parlaient plus. Les voisines l’apres-midi cesserent de lire leur avenir dans la tasse, les enfants cesserent de jouer au ballon et commencerent a batailler a coups de pierre. D’autres
plus grands en venaient aux mains. Ils finirent a l’hopital… Le soir on entendait les couples se chamailler et la police qui jamais ne s’etait rendue dans le quartier commenca les patrouilles, a pied. Ils ramasserent un jeune. Qui fumait du haschich…

Le General taciturne. Il etait assis dans l’embrasure de sa porte et regardait. Il s’etait affaibli. Son visage avait jauni. La peau et les os. Jour et nuit sur la chaise a bascule qu’il avait recuperee a la decharge. En avant, en arriere, en avant, en arriere…
Son regard seulement changeait de couleur. Il devenait plus noir, plus sombre, plus agressif…

Ce matin-la dans le quartier personne ne se rendit a son travail. Aux premieres heures aucun camion ne passa pour livrer du gravier. Ce jour-la aucune pelle ne se mit en marche, aucun ouvrier ne se mit au travail…

Au milieu de la route a demi achevee se trouvait un mur. Un mur en briques d’un cote a l’autre des maisons. Deux metres de haut. A cote du mur, sur le gravier fraichement etendu se trouvait le corps cadaverique inanime du General plonge dans la boue et dans le ciment.

La photographie du mur se trouvait le jour suivant dans tous les journaux du pays. Les travaux de construction de la route s’arreterent. La route redevint un quartier. Les petites tables furent depoussierees et a nouveau sorties. Les fenetres s’ouvrirent a nouveau, les enfants commencerent a taper dans la balle. L’odeur du tsipouro et de la soupe aux haricots inonda a nouveau le quartier. Mais la plus forte odeur venait du mur autour duquel se trouvaient des pots de fleurs qu’on avait places la, des roses dans des pots de fer-blanc, des cyclamens dans des cruches felees, des belles-de-nuit, des hortensias. Et une chaise a bascule qui chaque soir allait en avant, en arriere, en avant, en arriere…

Nouvelle parue dans le journal chypriote Haravgi le 29 janvier 2009
et dans la revue Nea Epohi (n°299, hiver 2008-2009)

Trad. Jean-Marc Laborie

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